Intertextualité et indécidabilité : la présence de l’ecclésiaste dans les "Maximes" de La Rochefoucauld

  • Maxime Normand Cours de civilisation française de la Sorbonne
Parole chiave: Letteratura

Abstract

Au XVIIe siècle, en France, la figure de Salomon, et son livre phare, l’Ecclésiaste, sont l’objet d’une faveur immense, et ce, dans des milieux aussi divers que les dévots, les libertins et les sceptiques chrétiens. Dans l’ordre du discours moral, l’Ecclésiaste est une référence incontournable. Il est légitime de présupposer que La Rochefoucauld a lu et médité l’Ecclésiaste, et qu’il connaissait bien ce livre. On sent bien, aussi, qu’il y a quelque chose de commun dans le ton, dans l’humeur, dans l’atmosphère, dans la manière d’écrire enfin de l’Ecclésiaste et de La Rochefoucauld, qui combine le style coupé, la brièveté, la discontinuité associés à un discours critique sur l’homme. Néanmoins l’intertexte biblique se laisse difficilement saisir dans l’oeuvre de La Rochefoucauld, et pour en analyser le fonctionnement, encore faut-il pouvoir en attester la présence. Ce que nous voudrions, c’est caractériser l’indécidabilité intertextuelle des Maximes et, néanmoins, tenter de la contourner en montrant que lorsque La Rochefoucauld laisse à sa plume davantage de fantaisie et de jeu, comme c’est le cas dans ses Réflexions diverses, la voix de l’Ecclésiaste s’y fait nettement plus audible. Après avoir rappelé l’importance de la référence à l’Ecclésiaste à l’âge classique, nous nous pencherons sur les difficultés que la maxime oppose à la recherche intertextuelle. Un détour par ses Réflexions diverses nous permettra de mieux cerner le rapport que La Rochefoucauld entretient avec l’intertexte biblique et sa paradoxale sagesse.

Pubblicato
2020-07-10