Les enjeux politico-linguistiques du Siège de Bruxelles de Jacques Neirynck
Abstract
Après avoir situé Le Siège de Bruxelles (1996) dans l’ensemble de l’œuvre protéiforme de Jacques Neirynck, nous analysons l’ancrage de ce roman d’anticipation dans le contexte authentique de la fédéralisation de l’État belge. Focalisée sur le babélisme caractérisant l’écriture de ce récit hybride, notre étude passe en revue emprunts au marollien − dialecte bruxellois − et traits idiolectaux teintés de flandricismes. Elle montre que la volonté de l’écrivain belge naturalisé suisse de refléter dans sa narration la savoureuse hétérogénéité linguistique de Bruxelles s’inscrit dans la lignée des « irréguliers du langage » de la phase dite dialectique, selon la terminologie de Jean-Marie Klinkenberg. Prendre le contrepied de l’insécurité linguistique antérieure à la revendication de la belgitude permet de dénoncer l’aliénation linguistique et culturelle dans cette mise en garde contre l’extrémisme flamingant.